Définie comme un dédoublement énonciatif, permettant au locuteur de porter un commentaire
réflexif sur l’énoncé qu’il produit, la modalisation se présente comme un phénomène
complexe et paradoxal. Le commentaire réflexif permet au sujet de s’investir davantage alors
même que, par distanciation vis-à -vis de l’énoncé, il en diminue son degré de prise en charge.
Nous avons constaté que les modalisateurs opacifiaient le sémantisme de l’énoncé en même
temps qu’ils complexifiaient la relation construite avec le(s) partenaire(s). Enfin, les modalisateurs
ancrent l’énoncé modalisé sur des extérieurs discursifs, relevant parfois du cotexte, mais
s’appuyant toujours, en même temps, sur des discours non explicités, exprimant alors la dimension
dialogique du langage. Cet ancrage dialogique contribue également à créer l’impression
paradoxale d’une présence renforcée d’un sujet, qui présente son énoncé comme résultant de
considérations extérieures, et d’un retrait de sa part derrière des discours qu’il n’éprouve pas
le besoin de verbaliser.