As they go back « to the (natural) sources of meaning », Groupe μ’s Principia Semiotica tend to question the whole semiotic tradition, which, by looking mainly at texts, had mostly insisted on the great inventiveness and cultural diversity of sign systems. By putting the stress on the naturalness and non-arbitrariness of semiosis, Groupe μ challenges the « axiom of conventionality » that prevails in contemporary, especially structuralist, semiotics.At the same time, Groupe μ tackles the epistemology of « linguistic (or more generally symbolic) idealism », which became prevalent as a result of some « linguistic turn » in the twentieth century and took conventional categorization as the only source ofsemiosis and knowledge. By taking a close look at perceptual sources of primal semiosis, Groupe μ restores an epistemology, which is both realist –as it takes the world’s organization to be prior to, and an incentive for, its structuration by language –and empiricist –as it takes sense experience to be the way such an incentive operates and therefore to be the first source of semiosis and knowledge. Because it stresses that the natural cognitive processes which rule such a semiosis are continuous with other material processes within the living world, semiogenetics turns out to stand by an epistemology which is also more naturalistic and materialist than culturalist and language-oriented. Yet, according to Groupe μ, the further stages of semiosis are the locus of an intersubjective semiosis, which is more arbitrary and culture-dependent. Our own work on semantic deference however shows that the division of linguistic labour, which ensures the intersubjectivity of meaning, does not necessarily entail conventionality, but can also, for at least some words, be linked to a realist epistemology, which attaches great value to the naturalness rather than arbitrariness of semiosis
En revenant « aux sources (naturelles) du sens », les Principia Semiotica du Groupe µ jettent un solide pavé dans la mare de toute une tradition sémiologique qui, partant des textes linguistiques (puis visuels), avait plutôt insisté sur la grande inventivité et la grande diversité culturelle des systèmes de signes. En soulignant la dimension résolument naturelle et motivée de la sémiose, le Groupe µ s’en prend frontalement à un certain « axiome de conventionalité » dominant dans la sémiologie contemporaine, notamment dans son paradigme structuraliste. Par le même geste, le Groupe µ s’en prend aussi en droite ligne à une épistémologie d’« idéalisme linguistique (ou plus généralement symbolique) », qui s’est imposée dans la seconde moitié du XXème siècle sous l’influence d’un certain « tournant linguistique » et qui a vu, dans les catégorisations conventionnelles, la source de toute sémiose mais aussi de toute production de connaissance. Par son attention aux sources perceptuelles de la sémiose la plus originaire, le Groupe µ réhabilite tout à la fois une certaine épistémologie réaliste, qui estime que le monde est déjà organisé avant sa structuration dans telle ou telle langue et qu’il motive même cette structuration, et une certaine épistémologie empiriste, qui voit dans l’expérience sensible le lieu de cette motivation et dès lors la source première de la sémiose et de la connaissance. En insistant sur la continuité des processus cognitifs naturels qui régissent cette sémiose avec d’autres dispositifs matériels présents dans le monde animal ou même vivant, la sémiogénétique s’avère aussi solidaire d’une épistémologie plus naturaliste et matérialiste que culturaliste et « glossocentriste ». Reste toutefois que les étapes ultérieures de la sémiose (avec la fonction de renvoi propre à la sémiose indirecte ou l’interprétation propre à la sémiose consciente) rendent, pour le Groupe µ, toute sa place à une sémiose intersubjective plus arbitraire et culturellement dépendante. À partir de nos propres travaux sur la déférence sémantique, nous montrons cependant que la division du travail linguistique, qui garantit cette intersubjectivité du sens, n’implique pas forcément la conventionalité qu’on lui associe généralement, mais qu’elle peut elle aussi, pour certains signes au moins, être liée à une épistémologie réaliste qui s’attache à la motivation naturelle plutôt qu’à l’arbitraire conventionnel de la sémiose.